Informations médicales

LA PROTHESE DE DISQUE

Historique de la prothèse de disque lombaire:

Après les premiers essais d'implantation de billes métalliques dans les noyaux des disques intervertébraux réalisés par Fernström en 1966, c'est une chirurgienne allemande, Karin Buttner-Janz, qui implanta la première prothèse de disque en 1984 à l'hôpital de la Charité à Berlin (Prothèse SB-Charité).
Par la suite, d'autres concepteurs (Thierry Marnay, Montpellier 1987) ont proposé la prothèse Prodisc.
Actuellement, nous disposons d'une multitude de modèles de prothèses discales qui tendent toutes à reproduire au mieux le mouvement intervertébral normal. Les prothèses discales sont habituellement composées de deux plateaux métalliques qui s'accrochent sur l'os des plateaux vertébraux. Le segment souple et mobile est constitué, soit d'un plastique de type polyéthylène, soit d'un corps visco-élastique intimement fixé aux plateaux prothétiques. Exemples: prothèse Prodisc, prothèse M6.


Mais malgré ces 30 ans d’existence, le concept de prothèse de disque est encore largement méconnu.

Les avantages de la prothèse discale:

  • Elle va enlever le disque intervertébral, principale source des douleurs lombaires.
  • Elle va permettre la restauration de l'anatomie et de la fonction vertébrale en gardant la mobilité de la colonne lombaire.
  • Elle permet une récupération postopératoire très rapide.

Indications de la prothèse de disque:

La prothèse discale est indiquée chez les patients adultes souffrant du dos depuis plus de 6 mois et qui ne sont pas soulagés par les traitements conservateurs.
Elle peut être réalisée sur plusieurs niveaux lombaires et s'adresse à tous les stades de discopathie dégénérative s'accompagnant d'une diminution de hauteur discale jusqu'au stade de disque complètement écrasé.
Le syndrome post-discectomie (persistance de douleurs dans le dos ou dans les membres inférieurs après cure de hernie discale) constitue également une très bonne indication de mise en place d'une prothèse discale.
Il existe bien entendu certaines contre-indications; notamment sur le plan général, il faut que le patient garde une bonne qualité osseuse, l'ostéoporose est donc une contre-indication formelle.
Les patients présentant une surcharge pondérale ne pourront pas bénéficier de ce type d'intervention vu les difficultés techniques que l'on pourrait rencontrer. Ils devront suivre un régime pré-opératoire adéquat.
Certaines pathologiques contre-indiquent également la mise en place de prothèses discales, notamment l'existence d'un spondylolisthésis (décalage entre les vertèbres) ou la présence d'un canal lombaire étroit très évolué.

Technique chirurgicale:

La mise en place d'une prothèse discale se réalise par voie d'abord antérieur, c'est-à-dire par le ventre.
Par une petite incision de quelques centimètres, le chirurgien va contourner le sac contenant les intestins (le péritoine), ceux-ci vont être progressivement refoulés de l'autre côté de la ligne médiane pour aborder la face antérieure de la colonne. (Abord antérieur médian extrapéritonéal). Après avoir enlevé le disque abimé et restauré la hauteur intervertébrale, le chirurgien insère la prothèse la mieux adaptée.
Pour le disque L5-S1, l'abord se fait habituellement du côté droit et l’incision se situe entre le pubis et l'ombilic.
Pour les disques L4-L5 et plus haut, l'abord se réalise du côté gauche par une incision autour de l'ombilic.
(NB : cette voie d’abord antérieure permet de rester à distance des nerfs qui passent en arrière des corps vertébraux)

Suites opératoires:

Malgré l'importance de l'intervention chirurgicale, la récupération post-opératoire est relativement simple et rapide.
Le patient est levé le lendemain de l'intervention et peut marcher, il lui est conseillé de réaliser immédiatement une mobilisation de la colonne vertébrale, notamment, en flexion antérieure du tronc (éviter l'hyperextension et les rotations).
Le retour à domicile est habituellement possible après une courte hospitalisation de 4 à 5 jours.
La période de récupération post-opératoire prend 2 à 3 semaines avec récupération d'une autonomie personnelle dès le retour à domicile.
Un des gros avantages de l'intervention est de permettre une réhabilitation post-opératoire très rapide avec reprise précoce des activités professionnelles et sportives à partir de la 6ème semaine post-opératoire.
Chez les patients lombalgiques de longue date, qui ont souvent une peur du mouvement (kinésiophobie), un traitement de rééducation post-opératoire sera recommandé pour restaurer la confiance vertébrale du patient en y associant un reconditionnement physique progressif.
(pour les détails de l’hospitalisation ; lien vers la brochure … » vous allez être opéré d’une prothèse de disque … »)

Résultats

Les différentes équipes internationales expérimentées publient régulièrement des taux de bons résultats supérieurs à 80 % et certaines études comparatives « prothèse versus arthrodèse » montrent une légère supériorité de la prothèse par rapport à l'arthrodèse.
Dans notre propre expérience, sur les 345 patients revus à plus de 2 ans de recul, nous relevons 81 % de bons et très bons résultats, avec retour à une vie sociale, sportive et professionnelle normale.
Les patients avec un recul de 10 ans et plus montrent la persistance d’une mobilité intra-prothétique très satisfaisante et l’absence de signe d’usure de l’implant ou de réaction inappropriée de l’os adjacent.
Actuellement, il reste cependant une incertitude quant à l’avenir à long terme ( + de 25-30 ans) de ces prothèses discales par manque d’expérience.

Conclusion:

Malgré ses 30 ans d’âge, le concept de prothèse de disque reste encore actuellement largement méconnu. Il constitue néanmoins une alternative très intéressante à l’arthrodèse vertébrale, car elle permet la restauration rapide et efficace d’une fonction vertébrale optimale en préservant la mobilité intervertébrale Les différentes séries publiées confirment son efficacité et sa fiabilité. Elle est indiquée chez les patients lombosciatalgiques chroniques relativement jeunes (bonne qualité osseuse) qui résistent aux traitements médicaux conservateurs qui présentent une dégradation mécaniques avérée d’un ou plusieurs disques lombaires ( discopathie dégénérative avec perte de hauteur discale), elle est également indiquée dans les syndromes post-discectomie. Ce concept chirurgical justifie cependant un recrutement sélectif des patients et nécessite un suivi rigoureux et à long terme ( > 15, 20 ans) pour dépister la survenue d’éventuels effets délétères au niveau de l’implant et de l’os adjacent.